Difficultés de recrutement : des idées préconçues sur le sujet
Une étude récente de Pôle emploi permet de relativiser la problématique des difficultés de recrutement et de s’éloigner des idées préconçues sur le sujet. Pour remédier aux tensions existantes, l’UNSA continue d’appeler à une amélioration des conditions de travail et de rémunération et à une politique ambitieuse de formation aux métiers en tension.
L’étude de Pôle emploi tempère largement les discours affirmant que la coexistence de difficultés de recrutement et de « 3 millions de chômeurs » heurterait « le bon sens » ou que « le principal frein à la croissance est l’insuffisance de main d’œuvre dans certains secteurs ».
Centrée sur le troisième trimestre 2021, cette étude montre que 86% des offres déposées à Pôle emploi ont été pourvues et dans des délais proches de ceux de 2018, date de la dernière étude du même genre.
Le devenir du reste des offres se décompose ainsi :
3% ont été annulées en raison de la disparition du besoin ou d’un manque de budget
5,1% des recrutements sont toujours en cours ,
6% des offres ont été abandonnées faute de candidats.
Bien qu’en légère augmentation depuis 2018, cette part d’offres abandonnées faute de candidats reste limitée selon les auteurs de l’étude.
Un tiers des abandons est lié à l’urgence du recrutement qui n’a pas permis de trouver le bon candidat à temps.
Trois quarts des employeurs ayant abandonné leur recrutement n’ont pas reçu beaucoup de candidatures (5 maximum) et le non-choix d’un candidat provient soit d’un manque de motivation de celui-ci, soit d’un manque d’expérience ou de formation, entre autres.
Pôle emploi estime entre 255 000 et 390 000 les abandons de recrutement faute de candidats au niveau national en 2021 (180 000 à 273 000 en équivalent temps plein), chiffres légèrement supérieurs à 2018. 60% de ceux-ci concernent des emplois durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois).
Ce constat n’est pas éloigné de celui que présentait la Dares en septembre dernier.
Elle démontrait que le niveau de pénurie de main-d’œuvre au troisième trimestre 2021 était inférieur aux niveaux de fin 2019 ou de début 2020 et surtout que les facteurs principaux des difficultés de recrutement sont l’attractivité des métiers - salaires et conditions de travail - et l’inadéquation des compétences.
Pour l’UNSA, la problématique des tensions de recrutement - même si elle peut être importante dans certains secteurs - ne doit pas être surestimée, surtout pour stigmatiser et/ou amplifier les attaques contre les demandeurs d’emploi, déjà malmenés par la réforme de l’assurance chômage.
Augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail et conduire une politique active de formation professionnelle sur certains métiers ou secteurs sont des impératifs pour résoudre les problèmes de recrutement existants.